Nous étions 34 participants pour la reprise de nos sorties en car.

Nous avons choisi de nous rendre dans le Pays d’Auge (partie orientale du calvados) et nous avons sélectionné trois lieux bien typiques de cette région autour de Lisieux.

Après une agréable pause-café dans Lisieux nous gagnons le château de Boutemont situé au nord de la ville sur la commune d’Ouilly-le-Vicomte.

Château de Boutemont à Ouilly-le-Vicomte

13 chateau de Boutemont

Madame Wistrom-Monnier, la nouvelle propriétaire nous accueille personnellement accompagnée d’une guide mandatée par elle pour expliquer l’historique du lieu à notre groupe.

Madame Bouchinet-Defrieches nous emmène tout d’abord voir la Motte féodale, vestige de l’ancienneté du site. Erigée aux alentours du XIème siècle, c’était une place forte qui contrôlait la vallée de la Touques et assurait la surveillance au pied de l’ancienne voie gallo – romaine de Lisieux à la côte. Boutemont était un fief important qui relevait de la baronnie de Fauquernon. On trouve un sire de Boutemont parti en croisade avec Robert de Courteheuse. Sorte de fort militaire jusqu’au XIVème avec ses logis situés autour dans la basse-cour. Les seigneurs de Boutemont construisirent leur logis à proximité origine du château actuel.

Les Servain puis les Borel, familles nobles de la région leur succèdent.

En 1525, Philippe Paisant (écuyer anobli en 1522) en devient le nouveau propriétaire. Il entreprend une construction d’allure défensive moyenâgeuse sans se laisser influencer par la Renaissance (murs pleins, tours d’angles). Ses successeurs continuent d’importants

travaux : creusements des douves, mise en place de la poterne d’entrée et construction du beau logis en pierre de taille qui s’avance sur les douves.

En 1697, les Le Bas du parlement de Rouen vont transformer la forteresse en un château plus agréable en ouvrant la cour d’honneur sur les jardins. La petite fille mariée à David Guéroult et leur fils David Gabriel seront les derniers Seigneurs de Boutemont car à la révolution ils émigrèrent en Angleterre en1791. Leurs biens, saisis sont vendus comme «biens nationaux ».

Une famille de riches bourgeois de Lisieux, les Bouteiller, rachète le domaine. S’en suit un siècle d’abandon.

M. et Mme Drouilly, chapeliers parisiens, achètent le château. Ils font appel en 1920 à Achille Duchêne célèbre paysagiste de l’époque pour recréer un jardin dans le style classique à la française du XVIIème. Certaines topiaires ont ainsi des formes de chapeaux. Il crée également le miroir d’eau.

Hélène et Armand Sarfati, propriétaires des lieux de 1976 à 2020 améliorent encore le domaine en restaurant l’orangerie, en rénovant la chapelle, en créant le jardin italien et

en faisant de nombreuses plantations.

La nouvelle propriétaire nous dit qu’elle et son époux auront à cœur de poursuivre la valorisation de ce patrimoine.

13 allée centrale Boutement

Par l’allée centrale bordée de topiaires, nous nous dirigeons vers la poterne d’entrée surmontée de tuiles polychromes typique du Pré d’Auge (briquetiers tuiliers dans les villages d’alentour notamment la famille Vattier.

13 poterne Boutemont

La poterne d’entrée construite sous Henri IV comporte un étage avec colombages et tuileaux. Son pont levis et sa porte piétonne sont restés en état de marche.

13 statue poterne Boutemont

Au-dessus du pont levis on peut voir une horloge et une petite statue qui reste mystérieuse dans sa niche.

13 cadran solaire Boutemont 13 poterne interieure BoutemontDe part et d’autre de la poterne, deux salles sont accessibles à la visite.

13 Salon Boutemont 13 poele alsacien Boutemont

  • A gauche : le grand « salon gothique » dans les tons de rouge avec son mobilier Renaissance, sa superbe cheminée et un très beau poêle alsacien.
  • A droite : la loge, « lieu de rencontre ésotérique, maçonnique ? », avec ses vitraux et son côté médiéval par les casques et épées qui s’y trouvent. Une bibliothèque en mezzanine. Apollinaire, contemporain des Drouilly serait à l’origine de la phrase qui court tout au long des murs sous les poutres.

Nous sortons sur la cour intérieure. Face à nous le logis principal du XVIème en pierre de taille, et sur la gauche le bâtiment présente des colombages typiques du Pays d’Auge.

Nous allons ensuite découvrir le parc classé « jardin remarquable », un des plus beaux de Normandie. C’est une dizaine d’hectares qui entourent le château avec une succession de chambres de verdure entourées de buis ou d’arbustes taillés. Pléthore de dahlias blancs, de daturas et de roses sont encore visibles à cette période.

Nous passons le long de la très belle serre puis de l’orangerie. Nous traversons le jardin italien planté de quatre plaqueminiers faisant l’admiration de tous.

13 un Plaqueminier

Puis nous allons jeter un œil à la cabane des lutins, joliment aménagée, avant d’arriver au miroir d’eau, depuis lequel nous avons une belle vue d’ensemble sur la cour et les bâtiments.

13 le miroir d'eau Boutement

Nous contournons le logis principal massif mais harmonieux au milieu de ses douves sèches.

13 la chapelle Boutemont

Et pour clore cette visite nous montons vers la chapelle construite par Pauline Bouteiller et récemment restaurée par M.et Mme Sarfati. Dédiée à Saint Lubin, ancienne évêque de Chartres elle a été édifiée à l’emplacement de l’ancienne église paroissiale Saint Lubin de Boutemont en style néogothique.

Nous remercions chaleureusement Mme Wistrom Monnier et la guide pour cette belle visite.

Le car nous attend pour nous emmener déjeuner à Lisieux.

En début d’après-midi, nous avons rendez-vous au château de Saint Germain de Livet.

Château de Saint Germain de Livet

Appartenant à la ville de Lisieux depuis 1957 par la volonté de son dernier propriétaire, le château nous apparait majestueux, entouré de ses douves en eau, dans son écrin de verdure avec des cygnes et des paons.

13 chateau ensemble

On remarque d’emblée sa belle poterne avec ses deux fines tours. La porte d’entrée elle-même, cintrée est entourée d’éléments typiques de la Renaissance comme ces deux colonnes à chapiteaux corinthiens d’inspiration antique. Avant il y avait un pont levis dont les poutres de contrepoids s’inséraient de part et d’autre de la fenêtre à meneau juste au-dessus.

Sur le côté gauche de la poterne une grande aile se termine par une grosse tour d’angle.

Le tout est dans un très bel appareillage en damier de pierres de Caen et de briques rouges ou vernissées vert provenant comme à Boutemont des ateliers potiers de la région.

A droite de la poterne se trouve la partie la plus ancienne (XVème), à pans de bois.

Pénétrant dans la cour intérieure, deux guides vont expliquer l’historique du lieu à nos deux demi-groupes.

13 cour interieure

Le premier château date du XIIème siècle : c’est une forteresse pentagonale avec ses douves appartenant à la famille Tyrel. Au XVème siècle la famille Louvet rachète le château.

En 1462 Jeanne Louvet épouse Pierre de Tournebu. La forteresse est alors détruite sauf les fondations et le pont levis. Elle est remplacée par un manoir à pans de bois (ossature en chêne et torchis en comblement) .

En 1555 l’arriere petit-fils de Pierre de Tournebu : Jean épouse Marie de Croismare. Ils font édifier la partie Renaissance et la poterne. La date de 1584 gravée sous l’énigmatique visage féminin semble donner la fin de la construction.

Jusqu’au XIXème siècle la cour était fermée par deux autres ailes Renaissance démolies en 1860 pour une raison inconnue.

Vendu en 1869 le château devient la résidence de madame Gobley. Après la 1ère guerre mondiale il est un peu à l’abandon.

En 1922 Julien Pillaut et sa femme Augusta tombent amoureux du lieu et l’achètent. Ils vont entreprendre d’importantes restaurations. Julien Pillaut décède en 1947 et 10 ans plus tard sa veuve lèguera le château et une partie de son mobilier à la ville de Lisieux.

Désormais ce château-musée présente des effets personnels de la famille Pillaut et des collections représentant l’art de vivre au XIXème.

Depuis la cour intérieure la poterne semble très massive au contraire de la façade de l’aile Renaissance qui apparait tout en légèreté avec sa galerie ouverte à quatre arches. Au-dessus des fenêtres de cette galerie est gravée : « finis coronat opus » (la fin couronne l’œuvre).

Nous entrons dans le château par le vestibule : sol en marbre et escalier néogothique en bois du XIXème. Dans cette entrée principale se trouve une belle chaise à porteur du XVIIème siècle.

Une ouverture donne sur l’ancienne cuisine en contrebas. Cette importante différence de niveau permettait de bénéficier de la proximité de l’eau des douves pour conserver les denrées alimentaires plus au frais.

Nous pénétrons dans la salle à manger au confort bourgeois du XIXème. Le concept de salle à manger n’est apparu qu’au XVIIIème et de cette innovation découlent « les arts de la table ». Un service d’apparat en porcelaine de Vierzon et un service Rousseau Bracquemont, japonisant sont exposés ainsi qu’un rafraîchissoir XVIIIème.

13 salle à manger

Le guide nous montre un pastel remarquable de Léon Riesener (1808-1878), grand-père de Julien Pillaut et pastelliste virtuose du second empire qui représente la duchesse d’Albe, sœur de l’impératrice Eugénie.

Nous entrons dans la salle des Offices. D’aspect médiéval, ses murs représentent 7 fresques de la fin du XVIème siècle. Elles illustrent des épisodes célèbres de l’ancien et du nouveau testament.. Recouvertes d’un lait de chaux, elles furent ainsi protégées et redécouvertes lorsque M.Pillaut voulut transformer cette salle en cuisine. Le plafond était à l’origine entièrement orné de motifs floraux et de rageurs aux extrémités des poutres maîtresses.

13 fresques1 13 fresques2 13 fresques3

A l’étage nous visitons

  • un salon meublé de pièces d’époques ou de style Louis XVI, comme une table de jeux de J.F.Leleu. On peut y admirer deux portraits de Germaine Pillaut (sœur de Julien). Le plus grand est un pastel peint par leur mère Rosalie Riesener Pillaut.

13salon louis XVI

  • La chambre « Delacroix » (cousin de Léon Riesener) de style Empire.

  • La grande galerie, lumineuse, offrant de jolies vues sur le paysage

  • La chambre d’Augusta Pillaut avec un seul grand lit et son cabinet de toilette.

  • Le salon de musique avec ses meubles Louis XV, son piano Erard, son sol d’origine composé de pavés de pré d’Auge. Près de la cheminée d’autres pavés plus élaborés « pavés Joachim » (de l’atelier Joachim Vattier) que l’on peut retrouver à Versailles ou à Marly.

13salon de musique

Avant de quitter ce bel endroit nous faisons notre traditionnelle photo de groupe.

13 Groupe à Livet

Nous allons terminer notre journée au Manoir de Bellou

Manoir de Bellou (Livarot)

13 Bellou ensemble

Monsieur Maheu, propriétaire depuis 1988 nous montre tout d’abord son pressoir dans un bâtiment du XVIème siècle à colombages avec une galerie ouverte. Le stockage des pommes se faisait à l’étage puis elles tombaient par gravitation naturelle dans le pressoir où la meule en pierre passant dans la rigole les écrase. Ensuite cette pulpe est mise en couches pour être pressée. Le pur jus s’écoule et est acheminé dans la pièce aux tonneaux.

Quand on rajoute sur le marc de l’eau pendant 24/48 heures, la 2ème presse donne le remiage. En 5 à 6 jours se forme « le chapeau brun » (petites particules en suspension)

Le propriétaire nous indique que les conditions météo influent sur la confection du cidre. Il faudra soutirer une à deux fois, et sur 1000 litres on en perdra 200.

13 Colombier Bellou

Puis M. Maheu nous montre son colombier aux 2000 boulins. Une grande étendue de terre était nécessaire pour que tous les pigeons ne mangent que sur le domaine.

13 Boulins Bellou

Extérieurement ce sont des tuileaux qui assurent le comblement entre deux colombages.

Ce manoir, classé monument historique date de 1475 et remplace une maison forte de 1260.

Il y eu 5 à 6 campagnes de construction : le logis central sur un seul niveau, agrandi ensuite sur sa gauche puis sur sa droite puis surélevé. Les tourelles de la façade nord ont été ajoutées puis la tour carrée, le tout en parfaite harmonie.

13 facade nord Bellou

Nous pénétrons par l’entrée nord dans la galerie du rez-de-chaussée sous un porche datant de 1680, plaqué sur la façade. M. Maheu nous montre la très belle rampe de son escalier en fer étiré. Les marches y sont recouvertes de pavés du pré d’Auge vernissés.

Au bout de la galerie se trouve une très belle cuisine salle à manger.

A l’étage nous voyons la chambre oratoire, où une très ancienne peinture de Sainte Marthe nous la montre tenant un monstre par le collier et le piétinant.

Nous devons bientôt quitter ce joli manoir non sans que Monsieur et Madame Maheu, très accueillants ne nous aient offert une dégustation de leur différents produits : jus de pommes, cidre doux et demi sec, pour notre traditionnel goûter de fin de promenade dans le cadre de leur très bel arboretum.

Marie-Christine GEISMAR