L’AIGLE, VILLE INDUSTRIELLE DU XVIII°

Depuis la fin du XV° siècle, la fabrication des épingles est une tradition de la ville de L’Aigle qui les exporta au XVIII°, non seulement dans toute la France, mais aussi en Italie, en Espagne et dans tous les ports du Nord de l’Europe. Ce négoce fut à la base des plus importantes fortunes de L’Aigle.

De grandes familles de négociants et de notables, les Boislandry, les Collombel, se firent alors construire des hôtels particuliers selon le mode du Pays d’Ouche : toit de tuiles brunes aux lucarnes multiples, frontons décorés de volutes ou de corniches denticulées, murs de silex ou de briques cuites au feu de bois, souvent recouverts d’un enduit de chaux et de sable, décor architectural sobre, frappant l’œil essentiellement par ses teintes chaudes constamment opposées.

Certains d’entre eux sont parvenus jusqu’à nous, avec des fortunes diverses, mais un très grand nombre de maisons bourgeoises ou d’hôtels plus modestes, voire de maisons d’épingliers subsistent encore, ainsi l’hôtel Collombel de la Rousselière, la plus belle et la plus vaste demeure de la ville. L’Aigle a été épargnée par la guerre et des rues entières ont conservé l’atmosphère que pouvait avoir cette petite cité commerçante au XVIII° siècle. Ces rues étroites serpentent le long des nombreux bras de la Risle où se reflètent, côte à côte, les ateliers qui faisaient vivre la cité et les demeures qui abritaient leurs propriétaires.

Tout cela contribue à faire de L’Aigle l’une des villes les plus attachantes, les plus colorées et les plus harmonieuses de la Normandie orientale.

Texte de Marie Hélène Since

Vieilles Maisons Françaises n° 115, décembre 1986. L’Orne, des villes et des quartiers.