Château de Vendeuvre

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Le château de Vendeuvre est situé sur la commune de Vendeuvre, entre Saint-Pierre-sur-Dives et Falaise, en Normandie. Il est ouvert au public depuis 1983 et abrite le musée du mobilier miniature, première collection au monde de mobilier miniature, une collection de niches à chien et animaux de compagnie ; l’enfilade de salons est un bel exemple de l’art de vivre au XVIIIe siècle dont témoignent aussi les cuisines de la même époque. Dehors, le château est agrémenté de jardins d’eau « surprise » et d’une grotte aux coquillages.

sortie-du-03-juillet-2016-009Historique

Construit entre 1750 et 1752 sur les plans de Jacques François Blondel, Vendeuvre est l’exemple d’une maison de campagne du milieu du XVIIIe siècle, une maison des champs selon les termes de l’époque. Issu d’une famille cotentinaise peut-être liée aux anciens comtes de Flandres, Alexandre Le Forestier, seigneur de Vendeuvre, veut une résidence d’été moderne et au goût du jour. Il détruit l’ancien manoir seigneurial trop humide car en bordure de la Dives, et construit à mi-pente un peu plus loin le château actuel. Pendant la Révolution, Alexandre Le Forestier de Vendeuvre et sa famille habitent Rouen (leur hôtel particulier à Caen ayant été brûlé) ; n’ayant pas émigré, le château est épargné. Vendeuvre a ainsi conservé son décor d’origine ainsi qu’une grande partie de son mobilier de l’époque.

sortie-du-03-juillet-2016-020Classé monument historique extérieurement et intérieurement depuis 19702, Vendeuvre est l’exemple d’une demeure de campagne normande aristocratique du XVIIIe siècle. La façade avant est délibérément sobre, car selon Blondel dans son traité d’architecture, il faut absolument éviter de « jeter de la poudre aux yeux pour une ornementation inutile et une façade démesurée qui nuise aux commodités intérieures ».

Abimé pendant la Seconde Guerre mondiale, c’est à l’actuel comte de Vendeuvre, descendant direct d’Alexandre de Vendeuvre, qu’on doit la rénovation intérieure et extérieure du château. La toiture est refaite en 1945. Tout en poursuivant la rénovation intérieure, l’aménagement du parc est entrepris à partir de 1970, et le plan cadastral de 1813 sert de base pour la reconstitution du jardin à la française comme il existait à l’origine. En 1983 l’orangerie, sérieusement endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale, est restaurée.

L’intérieur du château

L’enfilade des salons

Dans chaque pièce, est présenté un thème de la vie quotidienne : l’art de recevoir dans la salle à manger, l’art de la toilette dans la chambre d’honneur, l’écriture dans le bureau, l’art du portrait dans un petit salon, les plaisirs des jeux dans le salon de compagnie. Des automates présentent en un clin d’œil, çà et là, le thème fort de chaque pièce. Double en profondeur, le château possède une distribution autour d’un vestibule central aux proportions solennelles rythmées de colonnes ioniques. La double enfilade des salons et les formes arrondies des angles répartissent avec justesse la lumière naturelle. On remarquera en particulier la finesse des boiseries du grand salon, un ameublement très complet, et de nombreuses curiosités : un lustre à poissons rouges, une voyeuse où s’agenouillait les élégantes pour assister au jeu et ne pas froisser leur robe à paniers, le clystère de voyage pour les lavements…

Les cuisines

sortie-du-03-juillet-2016-014La pièce de cuisson

Cuivres de toutes formes, poteries du Pré-d’Auge, étains ou faïences animent cette cuisine magnifiquement agencée, qui semble encore servir.

Sous le plafond voûté en pierre de la cuisine, la cuisson sur la flamme est assurée dans la grande cheminée ; un tournebroche rôtissoire est animé par un mécanisme en état de marche. Dans un angle de la cheminée, un espace est conçu pour le four de ménage assurant la cuisson à l’étouffée. Dans l’autre angle de la cheminée, du bois est transformé en braise en permanence. Ces braises sont transportées avec une pelle dans le tiroir du four de ménage ou dans les cinq foyers situés le long du mur opposé sous les fenêtres. Sur ces foyers intégrés dans une maçonnerie recouverte en carreaux du Pré-d’Auge, sont cuits à petit feu les plats en sauce et les potages d’où le nom de potager. Les cendres sont recueillies sous les foyers et tamisées, elles servent au lavage du linge. Dans un angle, un four à pâtisserie est intégré dans le mur.

La collection de niches à chien

sortie-du-03-juillet-2016-003Lit à la polonaise – France, époque Louis XV

Canapé pour chien – France, XIXe siècle

Dans une pièce à côté des cuisines, une collection de niches à chien, unique en son genre, est exposée. Les petits chiens et chats furent l’objet de soins attentifs, comme l’atteste le raffinement et la variété des logements qu’on leur destinait : niche de voyage, niche-tabouret, niche de plage, niche à trois compartiments, niches assorties au reste du mobilier, canapé en bois doré… Ces petites habitations portatives sont cependant rarissimes.

La niche peut être aussi être la reproduction en modèle réduit du mobilier des maîtres de la maison : ainsi ce lit ci-contre pour chat s’inspirant des lits à la polonaise, avec un dais et des rideaux, estampillé Nauroy et réalisé pour une des filles de Louis XV.

L’homme au fil des siècles, a tissé des liens d’amitié avec les chiens et les chats : le King Charles de Louis XV s’appelait Filou. Il couchait sur un coussin de velours cramoisi et portait un collier d’or et de diamant. Louis XV disait de son chien : « le seul être au monde qui m’aime pour moi-même ».sortie-du-03-juillet-2016-004

Si exceptionnellement l’inventaire de la reine Clémence de Hongrie cite en 1328 : deux coffres doublés de soie pour un chien, c’est seulement à partir du XVIIe siècle — avec le développement des arts décoratifs — que naissent les niches d’intérieur, meubles spécifiques conçus pour les chiens et les chats.

sortie-du-03-juillet-2016-005Les jardins

Terrasse à l’italienne et parterres de buis

L’originalité et l’esthétisme de ces jardins sont le résultat de la passion de l’actuel comte de Vendeuvre, qui a su recréer, en ciselant les moindres détails, des espaces générateurs de rêves et d’enchantement.

L’actuel comte de Vendeuvre s’est inspiré des jardins de la Renaissance italienne, qui raffolaient des mécanismes d’eau destinés à charmer les visiteurs.Le parc et les jardins sont labellisés « Jardin remarquable ».

Le jardin à la française

Restitué d’après les plans originels, un jardin à la française régulier accompagne l’axe de cette demeure.

Topiaire à l’avant, le jardin comporte à l’arrière un miroir d’eau suspendu, bordé de charmilles de tilleuls ; à partir de la terrasse dominant des parterres de buis, des fontaines et des jets d’eau, on aperçoit au-delà des prairies de la vallée de la Dives, les collines du pays d’Auge.

Le jardin d’utilité

Dans l’axe latéral du château, une allée de tilleuls du XVIIIe siècle distribue les constructions du jardin d’utilité.

  • Un colombier reconstruit en 1811 comporte 1 400 boulins. Ce bâtiment a été conçu avec un toit en impluvium pour que la pluie tombe dans le bassin central où les pigeons se baignaient.
  • Bordant l’allée de tilleuls, un vivier alimenté en eau froide par des canalisations souterraines permettait d’élever des poissons pour les vendredis et les jours de jeûne. Un tiers du vivier était séparé par un filet. On y engraissait les poissons de luxe pour les jours de festin. Les poissons étaient nourris avec les balayures de farine des moulins et les eaux grasses de la vaisselle.
  • Au bout de l’allée se trouve la glacière en forme de pyramide. Recueillie les jours de grand froid sur les étendues d’eau, la glace était gardée en stock dans le puits intérieur. Une double porte, orientée au nord, permettait de conserver la fraicheur.

sortie-du-03-juillet-2016-010Perpendiculairement à la glacière, un chemin conduit au jardin de plaisir, entre deux colimaçons de buis, symbolisant l’effort que nous faisons pour atteindre le ciel.

Les jardins d’eau « surprise »

Jet d’eau surprise

Pour distraire, surprendre, pour charmer, pour donner un supplément d’âme aux parcs et jardins, les hommes ont depuis toujours utilisé des procédés artificiels qui animent la nature, en créant des paradis d’évasion, de rêve, de nostalgie ou de désir.

sortie-du-03-juillet-2016-013S’inspirant d’une tradition familiale, la marquise de Rambouillet ayant placé des petits tuyaux dans les bosquets de son parc et de son salon, elle actionnait des manivelles qui arrosaient ses amis dans ses jardins.

Vendeuvre s’est inspiré des jeux d’eau du Peterhof et de Versailles.

À la fin du XVIIIe siècle, on estimait que la nature était infiniment belle quand elle était infiniment libre, et ces jeux d’eau ou joyeusetés hydrauliques, passèrent pour une domestication démodée de la nature.

 

 

Abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives

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L’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives est une abbaye bénédictine, fondée au XIe siècle à Saint-Pierre-sur-Dives dans le Calvados. C’est un des ensembles les plus complets de l’architecture monastique en Normandie.

sortie-du-03-juillet-2016-026La fondation

L’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives est parfois appelée Notre-Dame de l’Épinay et en latin S. Petri supra Divum ou B. Maria supra Divum.

Au hameau de l’Épinay, premier nom du village, existait déjà une église sous le patronage de saint Pierre, pillée par les Vikings.

L’abbaye est fondée par la comtesse Lesceline, femme de Guillaume, comte d’Eu, frère du duc de Normandie Richard II. Elle y installe des religieuses bénédictines puis les transfère à Saint-Désir, près de Lisieux en 1046, et installe des moines bénédictins sous la direction d’Ainard, le premier abbé. Lesceline meurt à l’abbaye en 1058. Sa dépouille est enterrée dans l’église abbatiale ; elle s’y trouve toujours.sortie-du-03-juillet-2016-027

La première église est consacrée le 1er mai 1067 en présence du nouveau roi d’Angleterre, Guillaume, duc de Normandie, neveu de la comtesse qui avait placé son établissement sous sa haute protection. Elle est brûlée en 1106. Elle est reconstruite, puis quasiment achevée sous l’abbatiat de l’abbé Haimon à la fin de la première moitié du XIIe siècle.

De l’édifice originel d’Haimon, il ne reste que la tour Saint-Michel.

XIIIe siècle

En 1280, un accord avec le roi Philippe le Hardi donne la moitié de la haute et de la basse justice de Saint-Pierre à l’abbaye qui devient un comté.sortie-du-03-juillet-2016-025

Des travaux sont, réalisés au cours du XIIIe siècle car l’abbaye se développe. Les religieux font bâtir une halle à Saint-Pierre-sur-Dives afin d’y établir des foires et des marchés. Ils se heurteront souvent avec les seigneurs de Tancarville qui tiennent le marché de Mézidon et les concurrencent fortement. Déjà en 1191, par un accord passé avec Henri de Nonant, seigneur d’Écots, l’abbaye se trouvait associée à la gestion de la foire de Saint-Georges-en-Auge et en percevait une partie des revenus.

XIVe siècle

Les marchés sont l’objet de procédures pendant encore cinquante ans. En 1337, devant le bailli de Rouen, l’abbé Jean finit par trouver un accord avec Jean de Orlévy, seigneur de Tancarville. L’intégralité de cet accord nous est parvenu sous forme d’une copie collationnée le 23 novembre 1616 à partir d’un original détenu par les religieux de Sainte-Barbe.sortie-du-03-juillet-2016-024

En 1470, l’abbaye est mise en commende et l’abbé Guillaume II Guérin est son premier abbé commendataire.

En 1487, lettre du roi Charles III4 en faveur de l’abbaye contre des particuliers qui veulent établir des tanneries sur la rivière de Vie.sortie-du-03-juillet-2016-023

XVIe siècle

Au XVIe siècle, l’église, en très mauvais état, est complètement reconstruite par l’abbé Jacques de Silly. L’abbaye possède de nombreuses terres et des moulins, gère des dîmes et reçoit des donations de propriétaires et nobles de la région. Il nous est parvenu une archive mentionnant une clameur de haro lancée en 1527 par Jacques de Silly, abbé de Saint-Pierre-sur-Dives, à l’encontre de religieux du prieuré de Sainte-Barbe-en-Auge qui contestaient les droits sur le marché et la foire de Mézidon détenus par sa communauté. L’abbaye doit rappeler l’accord de 1337 pour justifier de ses droits de revenus.1024px-abbaye_saint-pierre-sur-dives_pavement

En 1562, sous l’abbatiat du cardinal Charles I de Bourbon, l’abbaye est pillées et en partie détruite par les protestants.

XVIIe siècle

Vue de l’abbaye de Saint-Pierre-sur-Dives au XVIIe siècle.

Plaque dans l’abbatiale de la liste des abbés et des curés de Saint-Pierre-sur-Dives.saint-pierre-sur-dives_salle_capitulaire

En 1642, les religieux de Saint-Pierre-sur-Dives obtiennent du roi le droit de tenir dans leur bourg quatre nouvelles foires. Deux d’entre elles étant un peu trop proches dans le temps de foires qui se tenaient « d’ancienneté » à Falaise, l’abbé Alexandre de Breauté est amené à s’accorder avec les bourgeois et habitants de la ville concurrente, pour que leurs dates soient sensiblement modifiées. Ainsi, pendant plusieurs siècles, les différentes abbayes de la région (dont celle de Troarn), les bourgeois des villes concernées et les seigneurs locaux doivent souvent négocier les dates des marchés afin de protéger leurs intérêts.

En 1666, l’abbé Georges Dunot réunit l’abbaye à la congrégation de Saint-Maur6.

Les bâtiments conventuels ainsi que le carré du cloître sont reconstruits dans le style classique, à partir de 1667. Les travaux s’étaleront jusqu’au XVIIIe siècle.

XVIIIe siècle

Au XVIIIe siècle, le cloître est à nouveau partiellement démoli.

Révolution française

À la Révolution, la mise en vente provoque le morcellement des bâtiments conventuels et leur transformation en appartements.

XXe siècle

En 1987 s’est ouvert, dans les bâtiments conventuels, le musée des techniques fromagères, comprenant une bibliothèque et un centre de documentation, des salles d’expositions temporaires, des salles de conférences et de projections. La salle capitulaire, restaurée, abrite des expositions.sortie-du-03-juillet-2016-022Aujourd’hui

Depuis quelques années, la ville procède au rachat progressif des bâtiments conventuels, partagés entre plusieurs propriétaires depuis la Révolution. Une partie a déjà été rénovée et abrite la bibliothèque et l’office de tourisme.

 

Château de Canon

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Le château de Canon est un château situé dans la commune de Mézidon-Canon, dans le département français du Calvados, en Normandie. Le château fait l’objet d’un classement au titre des monuments historiques depuis le 11 juin 1941.

Histoire

La seigneurie de Canon, propriété d’Eudes de Canon au Moyen Âge, passe ensuite par le jeu d’alliances et de successions, notamment aux familles Franqueville, Sarcilly, Le Sueur puis à Thomas de Berenger en 1689. Son fils, Robert de Berenger, fuit le régime et part se réfugier en Angleterre en 1727, vendant Canon à vil prix à un sieur de La Roque, fortuné receveur des tailles de Valognes, qui construit alors une nouvelle demeure, creuse la pièce d’eau et commence à planter les avenues.sortie-du-03-juillet-2016-029

Jean-Baptiste de Beaumont épouse Anne-Louise du Mesnil en 1760, seule héritière de la famille de Berenger, et s’intéresse alors en qualité d’avocat aux conditions critiquables de la vente de Canon menée en 1727. Après dix ans de procédure, à laquelle s’intéresse de près son grand ami Voltaire, il gagne son procès et engage alors immédiatement d’immenses travaux qui le ruineront.

Le domaine créé et entretenu par la famille de Beaumont parvient presque intact à leurs descendants actuels malgré les révolutions, guerres et autres événements. Très apprécié dans la région, Jean-Baptiste de Beaumont évite au domaine de Canon les désordres de la Révolution. Léonce Élie de Beaumont, son petit-fils, fut célèbre et respecté en tant que premier créateur de la carte géologique de France, et donna même son nom à une montagne en Nouvelle-Zélande.sortie-du-03-juillet-2016-036

Le château de Canon a souffert gravement de la dernière guerre qui a vu s’installer, au sein même du château, un hôpital allemand en juin 1944, puis les troupes d’une division de chars Panzer que les frondaisons des arbres bicentenaires protégeaient efficacement du repérage des avions alliés. Si les Beaux-Arts ont reconstruit parfaitement, dans le cadre des dommages de guerre, la ferme du nord victime d’une bombe américaine, il n’en a pas été de même pour les autres dépendances qui furent réquisitionnés en 1945 pour y loger des réfugiés travaillant à la restauration des voies ferrées de la région.

Architecture

Le parc et les jardins sont de style franco-anglais, et château suit le modèle dit « à l’Italienne ». La grille d’entrée, achetée par Jean-Baptiste Élie de Beaumont en 1781 à l’architecte Nicolas Lenoir, provient de l’ancien château des Ternes à Paris.

Jardin

Les jardins du château sont classés jardins remarquables, notamment grâce aux treize jardins clos de murs, appelés chartreuses, qui servent d’écrin à des centaines de variétés de fleurs et sont ouverts à la visite.sortie-du-03-juillet-2016-033

L’association Vieilles maisons françaises leur décerne le premier prix de sauvegarde en 1985, et la fondation des parcs et jardins de France leur octroie un premier prix en 1987. Après la tempête de 1999, le château a reçu une aide de la fondation des parcs et jardins de France. En mai 2000, les jardins reçoivent le premier prix de la compagnie Art du jardin.sortie-du-03-juillet-2016-032