Nous partons en covoiturage en direction de Brezolles. A l’arrivée, nous faisons la pause café avant d’aller visiter la ferme du Rouvray (propriété privée) où nous attend Madame Papion, notre guide.

La ferme du Rouvray revendique une origine celtique (vient du chêne rouvre : sacré). Vers 960, le Rouvray est une véritable forteresse avec douze tours dont une seule subsiste aujourd’hui. Place forte pendant la guerre de cent ans, toujours habitée depuis le XIIème siècle ; vers 1460 elle devient un simple manoir que bientôt, les seigneurs de Maillebois réuniront à leur domaine. S’ensuit une longue période de fermage avant son rachat en 1860 par M Paris.

Au-delà du pont qui enjambe les douves, la chaussée d’accès traverse un grand pavillon d’entrée ou châtelet (moellons enduits et briques appareillées en bandeaux). Il a conservé aux angles les pittoresques culots de petites échauguettes. Percé tardivement de fenêtres pour le rendre plus habitable, nous n’en verrons malheureusement pas l’intérieur pour cause de vétusté de son escalier.

Passé ce porche, nous nous trouvons alors dans une vaste cour entourée de bâtiments construits et remaniés à diverses époques, le tout cerné de larges douves desquelles partent de superbes contreforts. Nous contournons le puits en partant sur la gauche où nous admirons une grange dont la charpente date du XVIème siècle. Nous continuons devant les bergeries du XIXème pour arriver dans la partie fournil et four à pain. Notre guide nous fait remarquer l’entrée d’un souterrain dans lequel pouvait circuler un homme à cheval.

Nous sommes alors derrière le beau logis d’habitation qui à une époque allait jusqu’aux douves. Nous voyons ensuite le pignon de l’ancienne chapelle détruite à la révolution. Nous nous attardons pour terminer cette visite sur la belle grange dimière surmontée d’une croix à son fronton.

Nous prenons alors congé auprès de la propriétaire, pour nous diriger vers le très proche château de Maillebois où nous attend Monsieur Blaise, artiste sculpteur et régisseur du château.

L’arrivée par la grille et la grande allée avec le château qui se profile en toile de fond est superbe. Les oies de Maillebois annoncent bruyamment notre arrivée. Deux groupes sont constitués et tandis que l’un fera le tour extérieur, l’autre visitera l’intérieur avant de permuter.

Historique : 

Hutin le baveux (1345 – 1426) acquiert les terres de Maillebois en 1380 (année du décès de Charles V qui avait relevé la France après la guerre de cent ans). En 1382 il épouse Jacqueline de Vieuxpont. Ils n’auront qu’une fille Jeanne en 1390 qui épouse en 1405 Robert d’Ô. Celui-ci décèdera à Azincourt en 1415. Hutin, sa fille et les petits Robert ses fils se réfugient à Maillebois où ils opèrent divers revirements tactiques : Angleterre, France ou Bourgogne c’est selon. Au décès de Hutin Jeanne d’Ô passera une cinquantaine d’années à Maillebois à la tête d’un gros patrimoine terrien. Elle survit à ses deux fils et sera inhumée en l’église de Blévy en 1482.

Son arrière-petit-fils Charles d’Ô, chambellan de Louis XII, eut un fils Jean d’Ô qui épouse en 1534 Hélène d’Illiers dont il eut deux fils et une fille. L’ainé François d’Ô est le plus connu de la famille. C’est un des mignons de Henri III qui occupa la charge de surintendant des finances. Henri II meurt en 1589, François d’Ô s’attache alors à Henri IV qui le fait gouverneur de Paris. Il meurt en 1594 sans descendance. Maillebois est alors vendu et acquis par Antoine le Camus, époux de Marie le Clerc de Tesseville, et président du parlement de Paris. Une de ses filles, Anne, dame d’honneur de la Reine hérite de Maillebois et de nombreuses autres terres. En 1621 Maillebois est érigé en Marquisat.

Le neveu de Anne vendra Maillebois en 1679 à Nicolas Desmarets(1648-1721) dont un fils Jean-Baptiste (1682 1762) Comte de Maillebois, sera Maréchal de France. A sa mort le domaine est vendu à la Comtesse de Valentinois (Marie de Saint-Simon 1728 -1774) dont la nièce Duchesse de Fitz James par son mariage en hérite en 1774.

Le Vicomte Charles François Tardieu de Maleissye acquiert le domaine en 1808 que son fils Antoine revendra en 1882 à Lionel Henry Latham dont le fils ainé Hubert est le célèbre aviateur. Sa sœur Edmée épouse le professeur Armand Delille, sommité médicale du XIXème. Depuis, Maillebois est toujours dans la même famille.

Fief important du Thymerais, le château de Maillebois a appartenu à d’illustres familles riches qui n’eurent de cesse d’agrandir, de mettre au goût de l’époque et à leur goût par des embellissements nombreux, fréquents et souvent de grande envergure.

C’est aujourd’hui un domaine de 300ha clos de murs et, le château actuel est ce qui reste –assez remanié- d’une construction beaucoup plus vaste édifiée au XVème siècle (rien n’étant connu avant).

Au XVIème siècle, sous Jean d’Ô, c’est un ensemble quadrangulaire avec des bâtiments sur les quatre côtés formant une cour intérieure, le tout entouré de douves en eau. La construction présente alors un aspect défensif marqué (grosses tours d’angle, poterne d’entrée), en briques avec chainage et encadrements des baies en pierre blanche, couverture en ardoises.

Les Desmarets feront des embellissements intérieurs et le parc sera alors magnifique.

Avec les Tardieu de Maleyssie(1808-1882), le château est réduit à un corps de bâtiment et deux tours puis ils ajoutent deux petites ailes et deux nouvelles tours. Ils conserveront les bases des parties détruites à 1m50 du sol ce qui permet aujourd’hui de mieux comprendre l’ancien plan.

Fin XIXème Lionel Henry Latham achète le château dont il réagence l’intérieur (eau courante et sanitaires entre autres). Il fait également construire les écuries et plusieurs granges pour les besoins de la chasse.

Lorsque nous pénétrons à l’intérieur, l’entrée malgré ses nombreux trophées de chasse nous apparait chaleureuse et accueillante. Sur la gauche, une magnifique salle à manger avec une cheminée monumentale surmontée du portrait du Maréchal de Maillebois. Puis suivant le corridor nous passons dans les salons où se trouvent des souvenirs de l’aviateur.

Enfin nous traversons plusieurs pièces où sont exposés les objets orientaux de Lionel Latham.

Nous ne manquons pas d’apprécier le parc avec ses grands arbres tout en gagnant les écuries. L’appareillage des briques y est magnifique. Droit devant nous un rare pédiluve pour les chevaux avec sur les murs opposés deux beaux abreuvoirs en pierre à tête de cheval.

Après avoir remercié Monsieur Blaise nous reprenons nos voitures pour nous rendre au restaurant

« le grand Claireau » à La Saucelle. Nous sommes attendus pour un apéritif que nous prenons dehors puis nous passons à table pour déguster une délicieuse blanquette de veau. Le repas terminé, nous revenons légèrement sur nos pas pour nous rendre sur un ancien site sidérurgique :

Les forges de Dampierre sur Blévy :

Le site est impressionnant avec son importante retenue d’eau de 18 ha.

Monsieur de Boisanger nous accueille avec sa petite fille laquelle assistera très sagement à tout l’exposé. Il nous indique que ce site qui fonctionna durant deux siècles est le seul où subsistent des exemplaires de hauts fourneaux du XVIIème encore debout.

Le logis du maître des forges est très élégant face au plan d’eau. Le confort y fut installé dès le début du XXème siècle (chauffage avec bouches de chaleur, eau courante, chambres avec salle de bain).

En 1667, le fils du Grand Condé Henri Jules de Bourbon, duc d’Enghien achète 4500ha de la forêt de Senonches. Pour valoriser son achat, il crée un forge car il y avait tout pour cela : le minerai de fer que l’on trouve dans toute la région, l’eau et le charbon de bois fourni par la forêt. La première coulée de fonte a lieu en 1671, tout se faisait sur place du broyage du minerai au produit fini.

Le principe en est le suivant :

– chargement par « le gueulard » (le haut du four) d’une couche de minerai, d’une couche de charbon de bois et d’une couche de castine (calcaire fondant).

– maintien de la température à 1800 °C grâce aux soufflets situés dans les pièces adjacentes et

actionnés par des roues elles – même entrainées par la force de l’eau.

la fonte liquide tombe dans un creuset.

Furent réalisés ici des canons de marine ainsi que 52 km de tuyaux pour l’aqueduc de Maintenon.

Deux cents personnes travaillent en forêt contre vingt à la forge. Mille tonnes de fonte sont produites en1700 et 120 ha de forêt ont nécessaires pour cela. On trouve du laitier (résidu de forge) partout. Sa couleur va du vert au bleu. De multiples ouvertures permettent l’évacuation des gaz et empêchent les explosions. Les petites briques réfractaires devaient être changées tous les ans.

En 1770, l’arrière petit- fils du Duc d’Enghien vend Senonches et Dampierre à Louis XV qui en fait don à son petit-fils le Comte de Provence (futur Louis XVIII) qui s’exile à la révolution. Devenu bien national, Dampierre est vendu aux enchères. Achille Goupil le gérant des forges remporte la mise. De magnifiques ouvrages de broderie réalisés par sa belle-fille sont visibles à l’intérieur du logis.

Des tapisseries représentant des scènes de vie du 19ème siècle :

Le site fonctionnera jusqu’en1850.

Nous quittons Dampierre après avoir remercié Monsieur De Boisanger pour sa disponibilité et ses explications.

Sur le retour nous nous arrêtons au Château de la Barre chez Monsieur et Madame Rouvier qui ont accepté de nous en ouvrir les portes.

Un magnifique édifice XIXème est posé au milieu d’un très beau parc.

Le château de la Barre

Les propriétaires nous font pénétrer à l’intérieur où nous pouvons constater les talents de décoratrice de Madame Rouvier. Elle mentionne que l’habitation n’était pas du tout dans cet état lors de leur acquisition et qu’un très gros travail a été accompli. Une belle harmonie dans les couleurs, de très jolies mosaïques dans la salle à manger où nous est offert un rafraichissement tout à fait bienvenu par cette chaude Journée.

Puis nous faisons le tour du parc où nous découvrons le plan d’eau et un autre bâtiment encore à restaurer.

Tous nos participants, sous le charme, congratulent les propriétaires et leur souhaitent bon courage pour le chantier à venir.

Nous terminons notre journée au Château de la Gadelière où Madame de la Vaissière va nous guider autour d’une maquette modulable pour nous faire comprendre l’évolution de l’édifice.

Nous la sentons très investie dans la recherche de l’histoire de ce lieu (appel aux techniques modernes comme la dendrologie).

La Gadelière est une « maison forte » construite au début du XIVème en silex et grison. C’est un logis en L à l’est, une tour escalier au sud et un pont levis, une tour de défense à l’ouest Elle sert à protéger les habitants du village contre les Anglais lors de la guerre de cent ans. Lors de cette guerre, la construction sera abimée. La famille LESCENE l’acquiert en 1456 et la restaure. Ils y habitent jusqu’en 1610. Une nouvelle tour sera appuyée sur le mur de défense, l’église sera agrandie, le pigeonnier octogonal construit (porte du XVIème toujours visible).

En 1649, c’est toujours une place forte militaire avec une garnison. La Gadelière garde cet aspect de forteresse jusqu’au milieu du XIXème, époque à laquelle une partie du fossé de défense est comblée et où de larges ouvertures sont créées pour rendre ces tours plus habitables. Le pont levis est remplacé par un pont fixe.

En 1850, les deux communes de Rueil et de La Gadelière sont réunies.

Dans le parc aux arbres tricentenaires pour certains, se trouve l’ancienne église du village de La Gadelière dédiée à Saint Martin, désaffectée depuis 1858 mais non désacralisée. Le chœur remonte au XIVème siècle avec des ouvertures plein cintre. Au XVIème, Jacques Lescene qui l’agrandit laisse son blason sur les piliers et la dote d’ouvertures gothiques à meneaux et à flammes. Des fragments de peinture murale font penser qu’elle devait être entièrement peinte. Deux statues de Saint Martin emmurées en 1730 sont à remarquer.

Derrière l’église subsiste la dernière maison de l’ancien village.

En faisant le tour du château, on remarque les contreforts en grison, les canonnières, le donjon central. En 1880, une galerie reliant les pièces est ajoutée en façade.

Autour du porche monumental de l’entrée, les bâtiments XVII, XVIII et XIXème formant un carré ont été en partie construits avec les matériaux de l’ancien village. On y voit un grand bassin, des étables et des porcheries.

Ce cadre fabuleux nous sert de décor pour notre traditionnel goûter. Nous remercions Madame de La Vaissière pour son accueil et ses explications.

*De grandes photos sont en attente