Un prieuré et trois châteaux dans l’Eure

La sortie à eu lieu un jour de beau temps, une chance, car la présence du soleil et de la douceur n’était pas gagnée vu le temps froid et pluvieux des jours précédents.

Nous étions 30 participants, répartis en une dizaine de voitures.

On se mit en route pour Ambenay, avec un arrêt au restaurant de La Risle, pour débuter notre excursion par le traditionnel café-croissant.


Notre Dame du Désert


De là, nous avons rejoint le lieu-dit Notre Dame du Désert, dans l’Eure, pour visiter le Prieuré de Sainte Suzanne. Nous y avons découvert un ensemble des bâtiments très anciens et riches en histoire.

Prieuré Notre-Dame du Désert


Le lieu-dit ‘Désert’ doit son nom à Saint Mélaine qui, cherchant un lieu coupé du monde, créa ici un ermitage vers l’an 460 où il vécut avant de devenir évêque de Rennes ;

Ce lieu fait encore l’objet d’un culte et de pèlerinages.

La Chapelle est de style roman, très restaurée à l’extérieur ainsi qu’à l’intérieur ; le mausolée funéraire qui lui est rattaché est d’un intérêt particulier car l’intérieur est richement décoré de mosaïques d’après les dessins de Charles Lemeire (1832-1910), artiste qui a travaillé à la décoration de l’église Saint François Xavier à Paris et l’église Notre Dame de Fourvière à Lyon. La chapelle abrite les reliques de Sainte Suzanne qui fait l’objet d’un pèlerinage annuel le 11 août.

mausolé décoré

Mausolée décoré Le Prieuré est un petit bâtiment à deux étages en pierres de grison construit par Hughes du Désert, premier prieur de cette fondation qui date de 1125 et dont le Seigneur fut Robert de Leycester, Seigneur de Breteuil. Une chapelle fut construite en même temps que le Prieuré et elle fut rénovée en 1864 ; c’est ce bâtiment que nous avons visité, guidé par l’actuel propriétaire, Monsieur Houtard.

Monsieur Houtart nous a également accordé le privilège de visiter la crypte. Celle-ci n’est pas située dans la chapelle mais sous l’ancien pressoir à pommes de la ferme et on y accède par un escalier en briques qui descend du jardin, abrité par un petit toit en tuiles qui, de l’extérieur, ne laisse pas soupçonner ce qu’il cache.

La crypte est profonde de 7m et large de 12,55m, construite en forme de double croix et recouverte de voutes à plein cintre en grisons et se trouve sur l’emplacement originel de l’oratoire des premiers chrétiens. Elle date du XIIème siècle et elle abrita les reliques de Sainte Suzanne lorsque le Prieuré les reçus au XIIIème siècle.

Cette première étape de notre excursion nous permis de faire des découvertes passionnantes de l’histoire de ce lieu qui reste assez coupé du monde.

Monsieur et Madame Houtart nous ont très bien reçus et nous leur sommes reconnaissants de nous avoir accordés autant de leur temps pour nous permettre de faire une visite approfondie du Prieuré de Sainte Suzanne. La propriété est privée, mais Monsieur et Madame Houtart l’ouvrent pour les Journées du Patrimoine et pour des concerts de musique classique qui se tiennent l’été.


Le Château de la Chapelle


Le château de La Chapelle fut notre destination suivante et Madame Barrez, propriétaire du château avec d’autres membres de sa famille, nous accueillit très aimablement et nous fit visiter le parc et l’intérieur du château.

Le Château de la Chapelle
Le Château de la Chapelle

Sur l’emplacement du bâtiment actuel se trouvait une tour de garde construite au début de la Guerre de Cent Ans mais dont il ne reste que quelques vestiges qui furent incorporés dans l’aile nord du château actuel.

En 1876, Émile Baraguey, riche industriel qui fit fortune dans les chemins de fer, confia à l’architecte Jacques Baumier la transformation du château et la construction de deux pavillons indépendants : la chapelle et le pavillon de chasse, situés de part et d’autre de l’entrée principale du château, l’ensemble formant stylistiquement un tout typique de l’architecture Napoléon III, de briques et de pierres. En effet, Jacques Baumier est connu comme concepteur et urbaniste de la station balnéaire d’Houlgate (Calvados) où on retrouve, dans des proportions plus modestes, des villas dessinées dans le même style que le château de La Chapelle.


Notre guide nous fait entrer dans la partie centrale du château où nous découvrons l’escalier d’honneur, réputé être un des plus beaux de Normandie. Cet escalier en bois se distingue par son absence de symétrie compensé par le fait qu’il est reflété dans une grande glace qui donne l’impression trompeuse d’un escalier à deux volées de marches et un palier situé à mi-chemin entre le rez-de chaussée et le premier étage.

Les salles de réception du rez-de-chaussée sont en cours de restauration, certaines portant encore les traces de l’occupation pendant la période de la seconde guerre mondiale. Le château fut victime de deux incendies au cours de la deuxième moitié du vingtième siècle et nous admirons la ténacité des propriétaires qui, courageusement, persévèrent dans les travaux de restauration.

Dans l’aile sud, nous découvrons quelques toiles de l’artiste Marie-Anne Camax-Zoegger (1881-1952), parente des propriétaires, et qui fut la fondatrice de la Société des Femmes Artistes Modernes (1931) et amie de Suzanne Valladon.

Notre visite se termine par une promenade dans le parc ou nous découvrons quelques belles statues dont notre guide essaye de tracer les origines.

Nous remercions Marie-Madeleine Barrez et Scott Mesner pour cette visite guidée, leurs explications historiques et architecturales et les photos qu’ils nous ont adressées.

Pour le déjeuner, nous nous retrouvons à Ambeney, d’où nous repartons en direction du château de La Duquerie.


Château de La Duquerie


A notre arrivée, nous sommes accueillis par les propriétaires, Monsieur et Madame Delaroche-Vernet qui nous font découvrir le château et le grand parc entourant la propriété.

Château de la Duquerie

Le château a été rénové et agrandi par les actuels propriétaires qui ont fait construire deux ailes, chacune de part et d’autre du château originel, en harmonie avec le style du bâtiment qui date du XVIIème siècle. En visitant l’intérieur du château, nous constatons que nous passons de l’ancienne partie dans l’aile neuve sans remarquer de changement dans le style et la décoration, tant ces additions récentes sont bien exécutées et harmonieuses.

Au cours de ses explications, la propriétaire évoque un illustre ancêtre de sa famille, le peintre Horace Vernet. Il est le fils de Carle Vernet et le petit-fils de Claude Joseph Vernet .

Les peintures des ports de Joseph Vernet sont exposées au musée de la Marine à Paris.

Horace Vernet suit les traces de son père dans la peinture militaire, dont il fait sa spécialité et où il se révèle être un peintre brillant. Ses peintures sont dans la Galerie des Batailles au Château de Versailles.

Hippolyte de la Roche, dit Paul Delaroche, est un peintre français né en juillet 1797 à Paris.

Il devient connu pour être l’initiateur de l’« anecdote historique », un genre à vocation documentaire et à sensibilité dramatique qui connaît un grand succès et qui s’inscrit dans la veine de la peinture d’histoire. Il épouse le 28 janvier 1835 Louise Vernet, fille d’Horace Vernet. Leur descendance a joint les deux noms et s’appelle encore de nos jours Delaroche-Vernet.

Ensuite, nous visitons le parc, qui recouvre 20 hectares, mais dont nous ne parcourons qu’une petite partie. Madame Delaroche-Vernet nous explique qu’elle et son mari ont entrepris de replanter le parc avec 50 essences d’arbres et que ce travail est encore en cours, avec 12 000 arbres déjà plantés. Nous passons à côté des nombreuses ruches et nous longeons un grand étang au bout duquel se trouve un ancien pigeonnier en briques.

Notre visite se termine par un goûter gentiment offert par nos hôtes et pendant lequel nous avons le temps de discuter avec eux de leurs réalisations et de leurs projets.


Château de Rebais


La propriété par laquelle se termine notre excursion est le Château de Rebais situé sur la commune Les Bottereaux. Nous sommes reçus par Monsieur Mouton de Villaret qui nous guide dans la visite de l’extérieur de la propriété.

Le Château de Rebais cour intérieure

Encerclé de douves, ce petit édifice en briques dont la partie la plus ancienne date du XVIème siècle est remarquable par ses deux échauguettes, une à chaque coin de la façade arrière qui surplombe les douves. Le château consiste en un pavillon central en briques avec un soubassement en pierre de grisons. Deux ailes furent ajoutées plus tard de part et d’autre du pavillon central. Celle de gauche est plus importante et consiste en un pavillon élancé, flanqué d’une tour poivrière.

Une ancienne motte féodale située à l’extrémité opposée de la partie encerclée par les douves fait face au château. L’accès à l’intérieur de la motte se fait par un large couloir voûté qui donne sur un espace arrondi, mais le manque de lumière rend difficile l’appréciation des détails de la cave qui a longtemps servi de glacière.

De l’autre côté des douves, le long de l’allée qui mène au pont accédant au château, se trouve un colombier de briques et de silex datant de la construction du château originel, soit le début du XVIème siècle. Cet ensemble, le château, la motte féodale, le colombier, les douves et la ferme abritant des chevaux, présente un tableau harmonieux qui se voit de loin dans la plaine environnante.

Le Château de Rebais façade arrière et son pigeonnier

Le Château de Rebais façade arrière et son pigeonnier

Notre journée s’est conclue par le goûter traditionnel auquel Monsieur Mouton de Villaret nous a fait le plaisir de participer, ce qui nous a permis de nous entretenir plus longuement avec lui et d’en apprendre plus sur les spectacles équestres qu’il organise chaque été avec le soutien de l’association « Les Amis de Rebais ».

Fiona HARDY et Lucie CUVILLIER

Mme et M. Houtart avec Le groupe des amis de L’Aigle devant la Chapelle du Prieuré Sainte Suzanne

Mme et M. Houtart avec Le groupe des amis de L’Aigle

devant la Chapelle du Prieuré Sainte Suzanne.