Jérémie BENOIT

Qui n’a jamais remarqué, durant la belle saison, ce joli petit oiseau gris à calotte noire et longue queue, si peu farouche et même quelque peu effronté, qui coure plus qu’il ne vole le long des routes, aux abords des villes et villages ? C’est la bergeronnette grise (Motacilla alba), qu’on appelle aussi hochequeue parce que les longues plumes de sa queue, sans cesse en mouvement, lui servent à conserver son équilibre à la manière d’un balancier.

Bergeronnette grise

Bergeronnette grise

Cet élégant petit passereau appartient à la famille des Motacillidés qui rassemble aussi les pipits (Anthus), plus ternes, et les sentinelles (Macronyx), beaucoup plus colorées, surtout de jaune, qui vivent aussi bien en Afrique qu’en Extrême-Orient.

Mais qui connaît et a déjà observé les deux autres espèces de bergeronnettes, plus rares que la grise, moins visibles surtout, qui hantent les rivières de notre région, que sont la bergeronnette printanière (Motacilla flava) et la bergeronnette des ruisseaux (Motacilla cinerea) ? Il faut se tenir sur les rives des cours d’eau ou sur les ponts, parfois assez longuement, pour les voir apparaître, parées de leurs plumages en partie jaune. Sont-elles pour autant plus jolies que la bergeronnette grise ? C’est affaire de goût, car la délicatesse de celle-ci, qui vit plus éloignée de l’eau, ne le cède en rien à celles de ces autres espèces.

Bergeronnette printanière Bergeronnette des ruisseaux

La principale différence qui existe entre bergeronnette printanière et bergeronnette des ruisseaux concerne la longueur de leur queue : celle de la seconde espèce est nettement plus longue que celle de la première, à la queue à peine plus étirée que la normale. Cependant, il existe d’autres différences entre ces deux petits oiseaux. La bergeronnette printanière a aussi un ventre plus jaune que celle à longue queue, cette dernière possédant comme la grise une bavette noire sur la gorge. Au premier coup d’œil, elles sont toutefois si proches qu’il faut être très expérimenté pour déterminer l’espèce qui apparaît ! Fiez-vous à la queue, c’est encore le plus sûr moyen de savoir de quelle espèce on parle. De toute façon, ces deux oiseaux vivent dans les mêmes biotopes humides, contrairement à la grise, souvent plus éloignée de l’eau, mais jamais très loin malgré tout.

Ces petits oiseaux possèdent tous un bec fin et étroit indiquant nettement leur préférence pour les insectes qui constituent en effet leur principale nourriture. Vivant toujours à proximité de l’eau, les bergeronnettes installent leurs nids dans de petites cavités, rochers, troncs d’arbres déracinés, bien à l’abri des prédateurs, et elles pondent environ entre 4 et 6 œufs qu’elles couvent durant une quinzaine de jours. Deux couvées sont courantes annuellement, ce qui fait que ces espèces ne sont guère menacées malgré une mortalité élevée des oisillons.

Observez bien les cours d’eau de chez nous, Charentonne, Risle ou Iton, vous ne serez pas déçus. A un certain moment, un petit oiseau à ventre jaune et longue queue viendra nécessairement se poser près de vous. Quoi de plus joli par une belle journée d’été ? Et qui sait, vous le verrez peut-être alors qu’un martin-pêcheur plonge au même moment pour attraper un poisson ? A la belle saison, la rivière est un véritable spectacle où les couleurs les plus vives s’entremêlent !

MARTIN PECHEUR